En étroite collaboration avec la mairie d’Antony, la ligue sport adapté Île-de-France a coorganisé au profit des écoliers de la ville une série de projections du film "Crois pas qu’on dort", qui retrace cinq années de préparation de l’unique champion paralympique adapté, Charles-Antoine Kouakou, avec en point de mire Paris 2024.
Marc Bellitto, président de la ligue sport adapté Île-de-France, rappelle le contexte général et les objectifs de cette collaboration. Maëlle Adenot, directrice de l’éducation à la mairie d’Antony, précise l’organisation de ces projections scolaires. Mme Sylvie Braut et M. Éric Gresçu, directeurs des écoles primaires Pajeaud et Blanguernon d’Antony, décrivent l’accueil très positif du film par leurs élèves, et l’image qu’ils se font de leur champion. Tous se prononcent enfin sur le bilan de l’opération et les suites à donner.

Quels objectifs poursuit la ligue de sport adapté IdF avec ces projections ?
Marc Bellitto (président, ligue sport adapté Île-de-France) : le film "Crois pas qu’on dort" est un formidable héritage Paris 2024, qui aborde avec un ton très juste une multitude de sujets (passage à l’âge adulte, dépassement de soi, excellence sportive), parmi lesquels le sport adapté (pour les publics porteurs de handicap mental ou psychique). Médaillé d’or paralympique sur 400m à Tokyo 2020 et finaliste malheureux à Paris 2024, Charles-Antoine Kouakou y partage l’affiche avec les jumelles Leyna et Maysane, jeunes taekwondoïstes valides. Ces cinq années de tournage permettent de découvrir le quotidien exigeant et inspirant de ces sportifs de haut niveau, tout en sublimant les vertus d’une pratique sportive véritablement inclusive. Pour un champion paralympique français c’est totalement inédit, et c’est une vraie opportunité donnée pour mieux communiquer sur la pratique sportive des publics déficients intellectuels.
De l’avant-première du film au Grand Rex suivie des ciné-débats en appui à la sortie nationale sur les écrans, en janvier, est née l’idée de cette collaboration avec le producteur du film. La mairie d’Antony a tout de suite soutenu l’idée de projections privées pour permettre à ses administrés de mieux connaître leur champion paralympique. Avec l’appui des directions des sports et de l’éducation, mais aussi du club Antony Athlétisme 92, une première projection a pu être organisée début mai à destination des autorités locales et personnels de l’éducation nationale, en présence des responsables de la fédération française d’athlétisme. Cette séance a permis de valider l’organisation des projections scolaires pour la rentrée 2025-26.
Pouvez-vous nous présenter ces projections scolaires de "Crois pas qu’on dort" ?
Maëlle Adenot (directrice de l’éducation, mairie d’Antony) : quatre demi-journées de projection ont été organisées à l’espace culturel Vasarely, les 15-16 septembre et 4-6 novembre, en collaboration avec la direction des sports et la ligue, afin de permettre à plus de la moitié des élèves antoniens scolarisés en CM1-CM2 de visionner le film. Au total, ce sont plus de 750 élèves scolarisés dans une dizaine d’écoles primaires de la commune qui ont pu découvrir le parcours sportif et humain de leur champion paralympique.
Le cadre avait été posé après la projection du mois de mai, laquelle avait permis aux professeurs et directeurs des écoles d’Antony de découvrir le film et déterminer la classe d’âge ciblée. Un temps de débat leur avait donné l’occasion d’échanger avec l’équipe du film et l’environnement sportif de Charles Antoine (club, partenaire).
Pouvez-vous nous décrire l’ambiance lors des projections ?
Sylvie Braut (directeur, école Adolphe Pajeaud d’Antony) : l’ambiance dans la salle était attentive et intéressée. Les élèves ont dit que c’était très fort, émouvant et rempli de bons sentiments. Ils ont adoré voir les installations sportives de leur ville sur grand écran.
Éric Gresçu (directeur, école Blanguernon d’Antony) : dans notre école nous avons six classes de CM1– CM2 qui ont pu visionner ce documentaire. Ils avaient déjà eu l’occasion de rencontrer Charles-Antoine Kouakou avant cela, et ils avaient alors pu l’interroger sur l’univers des Jeux paralympiques. Il arrive parfois que les salles ne soient pas aussi calmes que nous le souhaiterions lors d’un visionnage, mais cette fois-ci les élèves étaient très calmes et ils réagissaient beaucoup à ce qu’ils voyaient. Ils étaient à l’écoute et ils ont aussi beaucoup apprécié la bande-son qui accompagnait ce film.
Que représente Charles-Antoine Kouakou pour ces jeunes élèves ?
Éric Gresçu : les élèves ont noté le lien très fort qui unit Charles-Antoine à son entraîneur. Ils ont aussi beaucoup apprécié d’être en pleine immersion dans la vie et le quotidien de leur champion. Ils se sont fait la remarque que c’était une personne qui vivait de façon ordinaire : il prend le petit-déjeuner, il a une vie quotidienne comme la nôtre ! Les élèves ont aussi été marqués par le courage, la persévérance et la détermination de Charles-Antoine. La gentillesse et l’accompagnement de son entraîneur les ont également interpellés, notamment dans ce contexte d’exigence sportive qu’implique le haut niveau lors des entraînements et des compétitions. Beaucoup ont été sensibles aux nombreux moments d’émotion du film.
Sylvie Braut : les élèves de l’école Pajeaud sont familiers du handicap du fait de la présence d’un dispositif ULIS au sein de l’école ; donc pas vraiment surpris, mais très admiratifs de l’exploit de Charles-Antoine.
Quel regard portez-vous sur cette opération et souhaitez-vous la prolonger ?
Maëlle Adenot : pour la mairie c’est très intéressant. Le sport permet de restituer des témoignages forts, et de véhiculer beaucoup de valeurs comme le bien-vivre ensemble, l’entraide, la solidarité, etc. Tout cela fait partie de nos axes de travail : ce lien avec l’autre, l’aspect sportif, l’aspect d’évolution du corps et de l’enfant, l’aspect d’inclusion, la prise en compte de la situation de Charles-Antoine et aussi le positionnement de l’adulte. Ce documentaire nous offre plein de dimensions qui nous amènent à réfléchir et à travailler dessus.
Sylvie Braut : l’opération a été très appréciée par les six classes de CM1 et CM2 qui ont visionné le film. En revanche les enseignants pensent que le film s’adresse plutôt aux CM2. Il nécessite des discussions avec les élèves, en amont et en aval de la projection. L’une des enseignantes, qui a été elle-même athlète dans le club, a pu contacter Vincent Clarico pour envisager une rencontre des élèves avec Charles-Antoine.
Éric Gresçu : clairement oui, il faut prolonger ces opérations. En tout cas, à l’école primaire de Blanguernon, nous essayons tous les ans d’avoir un cycle sur le handicap et le sport afin de sensibiliser au mieux nos élèves.
Marc Bellitto : la plus grande satisfaction a été d’être interpellé par des jeunes écoliers cherchant Charles-Antoine au stade d’Antony, dès le premier jour de projection. Là, on sent qu’on peut faire bouger les choses, et peut-être même construire un avenir meilleur, plus inclusif. La ligue sport adapté Île-de-France est très reconnaissante envers la mairie d’Antony (cabinet, direction des sports, direction de l’éducation, espace culturel Vasarely) pour cette formidable mobilisation et organisation, et au-delà même pour son engagement constant en faveur du développement du sport adapté. Elle souhaite bien entendu que des temps d’échange complémentaires puissent être organisés dans les écoles autour de Charles-Antoine et Vincent Clarico, voire même que certaines classes puissent prolonger cette action sous d’autres formes (projets d’étude, participation aux journées découverte d’athlétisme adapté, etc.). D’autres initiatives sont en préparation avec les partenaires institutionnels de la ligue et le producteur du film, pour valoriser plus encore ce superbe héritage de Paris 2024, et promouvoir ce que le sport a de plus beau à offrir, en particulier une meilleure inclusion et reconnaissance des publics porteurs de handicap.
